La Dombes correspond à un plateau d'origine morainique (dépôt de sable, de cailloux et d'argile) situé dans le département de l'Ain au nord-est de Lyon. Elle est limitée à l'ouest par la vallée de la Saône et au Sud par la Côtière qui surplombe les plaines du Rhône. À l'est, la rivière d'Ain la sépare du Bugey. Seule la limite nord est peu nette : progressivement la Dombes entre en contact avec la Bresse.
Les étangs, très nombreux (plus de mille), sont d'origine humaine. Ils ont été creusés - principalement par les moines, en mettant à profit les dépôts d'argile morainiques. En particulier, leur profil est maîtrisé et déterminé par le type de pêche ; à la différence des étangs du Forez, au fond plat, les étangs de la Dombes présentent une très légère pente, permettant à l'eau de s'écouler lentement et régulièrement vers l'émissaire (dénommé « thou ») lors de leur vidange à l'occasion de la pêche. Ils permettent une pisciculture importante depuis longtemps, mais jusqu'au xixe siècle, la région souffrait d'un paludisme endémique.
L'alternance assec-évolage est une particularité culturelle et culturale locale, où culture céréalière et élevage du poisson sont intimement associés.
La célèbre grenouille de la Dombes est une spécialité culinaire locale.
À partir du mariage d'Humbert de Beaujeu et de Marguerite de Baugé, la Dombes, soit l'ensemble des territoires de la maison de Beaujeu, situés sur la rive gauche de la Saône, également appelé à l'époque "Beaujolais à la part de l'empire", par opposition au Beaujolais propre vassal du royaume, forma une souveraineté, sur laquelle les princes exerçaient les droits régaliens (notamment battaient monnaie) et ne dépendaient pas du roi de France1. Cette souveraineté, dont l'ancien arrondissement de Trévoux reprit à peu près les limites, avait pour capitale Trévoux. La Dombes était formée de deux territoires non contigus avec onze châtellenies dont une partie était en Bresse (Trévoux, Thoissey, Saint-Trivier, Ambérieux, Beauregard, Villeneuve, Montmerle, Baneins), et les trois autres faisaient partie de l'autre Dombes (Chalamont, Lent, Le Chatelard) . Le territoire qui séparait les deux Dombes avec Villars et Châtillon était appelé le couloir bressan.
En 1762, lorsque la principauté de Dombes fut rattachée au royaume de France, elle devint un pays de France, compris dans le gouvernement général de Bourgogne, situé entre la Bresse, le Lyonnais, le Beaujolais et le Mâconnais.
De nos jours, la Dombes est, avec la Bresse, le Bugey, le Revermont et le Pays de Gex, un des « Pays de l'Ain ».
D'un point de vue ornithologique, la Dombes est la zone biogéographique présentant la plus grande diversité spécifique de la région Rhône-Alpes : elle possède 131 espèces d'oiseaux nicheurs. C'est une zone humide d'importance internationale pour les oiseaux migrateurs, classée en ZICO (zone importante pour la conservation des oiseaux). L'ensemble des étangs est proposé au réseau Natura 2000.
Parmi les espèces emblématiques de la Dombes, on peut citer :
le Grèbe à cou noir ;
la Nette rousse ;
la Guifette moustac.
La question de l'utilisation du pluriel ou du singulier pour nommer la région est sujette à discussion. Les Dombistes actuels utilisent aussi bien l'appellation « la Dombes » que « les Dombes », mais seule l'utilisation du singulier est correcte.
La région de Dombes reste la Dombes, au singulier, les dombes étant les fonds d'étangs, leurs eaux troubles. Ainsi on dit en Dombes : dans la région des dombes (étangs), mais dans les dombes : dans les étangs. On notera à ce sujet le nom de la commune du pays Villars-les-Dombes, qui prête à confusion. Ici, le « les » vient du latin latus et signifie « à côté » de la Dombes. Il conviendrait donc d'écrire Villars-lès-Dombes.
La Dombes était au temps de Jules César peuplée par les Ambarres. Au ve siècle, elle faisait partie du royaume des Burgondes. Lors du partage de Verdun en 843, elle revint à Lothaire Ier, c'est-à-dire à l'Empire. Mais l'éloignement du pouvoir causa la création de seigneuries qui s'érigèrent en seigneuries quasi-autonomes.
À la fin du xiie siècle, les sires de Baugé et de Thoire et Villars se partageaient la région. Le mariage du 15 juillet 1218 entre la fille du sire de Baugé et Humbert V de Beaujeu fit passer la Dombes dans le domaine des Beaujeu jusqu'en 1400, où leurs terres passèrent aux Bourbons. La partie sud de la Dombes appartenait, elle, aux sires de Thoire et Villars, également possessionnés dans le Bugey.
À partir de l'avènement d'Humbert V de Thoire et Villars en 1300, la seigneurie s'orienta progressivement vers la France (Humbert VI sera l'un des principaux artisans du rattachement du Dauphiné à la France en 1336) ; les trois derniers sires de Thoire et Villars servirent les rois de France durant la guerre de Cent Ans.
La Dombes souffrit de guerres entre les comtes de Savoie et les sires de Thoire et Villars (alliés au Dauphin et au comte de Chalon contre la Savoie) à partir de la fin du xiiie siècle. En voulant aider Édouard, comte de Savoie contre Guigue V dauphin de Viennois, Humbert Ier de Beaujeu fut fait prisonnier à Varey en Bugey en 1325, durant la bataille de Varey. Il fut contraint de prêter hommage pour les seigneuries de Meximieux, Miribel et Bourg-Saint-Christophe à l'Est de la Dombes, et demanda au comte de Savoie un dédommagement. Les terres des sires de Thoire et Villars subirent, quant à elles, plusieurs chevauchées parties des terres des comtes de Savoie, jusqu'à ce que le climat ne s'apaise, aux alentours de 1355. Humbert VII de Thoire et Villars, n'ayant pas vu son fils unique lui survivre et se trouvant menacé par le duc de Bourgogne à qui il refusait de prêter hommage, vendit ses terres en 1402, les partageant entre les ducs de Savoie et de Bourbon (qui avaient obtenu le Beaujolais du dernier sire de Beaujeu en 1400 et pouvaient ainsi agrandir leurs terres vers l'est), se plaçant ainsi sous la protection de ces grands princes. Humbert VII de Thoire et Villars garda toutefois l'usufruit de ses terres jusqu'à sa mort en 1423.
En 1523, François Ier accusa le connétable de Bourbon de félonie, en vertu de quoi il confisqua ses terres dans le royaume de France et dépêcha une armée pour confisquer la partie de la Dombes lui appartenant, bien que, ces terres se trouvant côté Empire, la Saône fît frontière entre le royaume de France et le Saint Empire Romain Germanique. Il institua alors un Parlement afin d'administrer la Dombes en son nom : le parlement de Dombes qui siégea d'abord à Lyon, par « territoire emprunté ».
En 1560, François II rendit leurs possessions aux ducs de Bourbon qui récupérèrent également leurs possessions de Dombes. L'empereur n'ayant pas eu l'ambition de contrer le roi de France lorsqu'il avait confisqué ce territoire relevant pourtant de sa juridiction, les ducs de Bourbon érigèrent la Dombes en petite souveraineté indépendante dont Trévoux devint, suite logique à l'ampleur prise par la ville à la fin du Moyen Âge, la capitale.
On rassembla dès lors dans cette cité tous les organes nécessaires à la bonne administration d'un petit État : un hôpital y fut fondé par Anne-Marie-Louise d'Orléans, duchesse de Bourbon-Montpensier, sous l'impulsion de Claude Cachet de Garnerand, conseiller au parlement de Dombes.
Elle céda ensuite à Louis-Auguste, fils légitimé de Louis XIV, la souveraineté de Dombes contre la libération du duc de Lauzun, dont elle était amoureuse.
Le duc du Maine Louis Auguste de Bourbon, fils légitimé de Louis XIV et de madame de Montespan, fit transférer le parlement de Dombes de Lyon à Trévoux, faisant bâtir à partir de 1696, un palais pour l'accueillir, que l'on peut encore visiter de nos jours. Il favorisa, de plus, l’imprimerie implantée à Trévoux où ne s'exerçait pas la censure du royaume de France, autorisant les Jésuites à y imprimer leurs Mémoires (journaux d'information et de critique scientifique, théologique, littéraire...). Plusieurs éditions du dictionnaire de Trévoux y furent également imprimées.
En 1762, Louis Charles de Bourbon (1701-1775), comte d'Eu, troisième fils du duc du Maine, échangea la souveraineté de Dombes à Louis XV contre des terres en Normandie où il était, par ailleurs, possessionné. Elle fut dès lors définitivement rattachée au royaume de France.
Par un édit du mois d'octobre 1771, enregistré le 31 décembre suivant, le roi supprima le parlement de Trévoux et sa chancellerie. Les attributions du parlement furent réparties : celles dont il connaissait comme parlement et cour des aides furent portées devant le conseil supérieur de Lyon ; celles dont il connaissait comme chambre des comptes furent dévolues à la chambre des comptes de Paris ; et celles dont il connaissait comme bureau des finances furent attribués au bureau des finances de Lyon. Par un édit du mois de janvier 1772, enregistré le 22 de ce mois, le roi supprima la châtellenie de Trévoux ainsi que le bailliage de Chalamont et celui de Thoissey et créa une « sénéchaussée et siège d'élection réunis ». L'édit portait que ce tribunal tiendrait ses séances à Trévoux et connaîtrait de toutes les matières qui ressortissaient de la chambre des requêtes du parlement de Trévoux, ainsi que les bailliages supprimés, sauf l'appel au conseil supérieur de Lyon. Des lettres-patentes du 22 mars 1771, enregistrées le 5 mai suivant, portèrent que les appels des jugements rendus en la sénéchaussée établie à Trévoux, seront relevées au présidial de Lyon en toutes causes et matières de nature à pouvoir y être jugées. Lorsque, en 1774, le roi rétablit le parlement de Paris et supprima les conseils supérieurs créés en 1771, la sénéchaussée de Trévoux fut comprise dans le ressort du parlement de Paris et celui-ci substitué au conseil supérieur de Lyon.
Par un édit du mois de septembre 1781, enregistré au parlement de Dijon le 6 mars 1782, la Dombes fut unie aux états de Bresse et rattachée à la généralité de Bourgogne.
L'Assemblée nationale constituante confirma l'incorporation de la Dombes au royaume par un décret du 27 septembre 1791 qui, sanctionné par Louis XVI le 16 octobre suivant, devint la loi des 27 septembre = 16 octobre 1791, portant réunion à la France du pays de Dombes et dépendances3.
Au milieu du xixe siècle, des moines créèrent l'abbaye Notre-Dame-des-Dombes au Plantay, afin d'aider à assainir la région marécageuse et limiter les effets de la malaria.
À l’époque de la souveraineté de Dombes, l'étirage de l'or et de l'argent en vue d'en faire des fils propres à décorer les tissus précieux était un monopole royal en France. Pour tréfiler, il fallait passer par les argues royales (machines servant à l'étirage du métal) de Lyon ou de Paris. Or, Trévoux étant situé à seulement 25 km au nord de Lyon et bénéficiant d'immunités fiscales puisque située en dehors du royaume de France, les tireurs d'or comprirent rapidement l'intérêt qu'ils auraient à s'y établir. Ils s'installèrent en masse à Trévoux et y implantèrent durablement une industrie qui prospéra jusqu'à la seconde guerre mondiale. À la fin du xixe siècle, les trévoltiens se spécialisèrent dans la fabrication de filières (pièce à travers laquelle on passe le métal en force afin de l'affiner) en diamant, faisant de Trévoux la capitale mondiale de la filière en diamant.
Pisciculture[modifier | modifier le code]
La Dombes abrite à elle seule près de 18 % de la surface nationale des étangs exploités. Ces piscicultures extensives sont gérées par quelque 300 pisciculteurs qui produisent 21 % de la production piscicole nationale (1600 t) dont :
27 % des carpes élevées en France ;
21 % des brochets.
La moitié de la production est destinée au marché et l’autre au repeuplement des étangs par les sociétés de pêche. On constate aussi le développement de l'élevage de truites et une multiplication des étangs et lacs consacrés exclusivement à la pratique de la pêche à la mouche.
Cette économie a été perturbée en 2006 par l'apparition du virus Influenza 1 H5N1 HP dans la région, qui a justifié une interdiction d'approcher les berges, ce qui a empêché certains pisciculteurs de travailler.